Éditions Erès (2004), traitant du concept de transfert chez Freud. Cet ouvrage aurait pu s’intituler « Le Transfert, une énigme Freudienne ». Il a été sélectionné pour le Prix Œdipe 2005 (à Venise) et il a fait l’objet de nombreux articles.
Freud nous confie cette phrase énigmatique et surprenante :
«L’interprétation des rêves, l’extraction d’idées et de souvenirs inconscients des associations du patient ainsi que les autres procédés de traduction sont faciles à apprendre; c’est le patient lui-même qui en donne toujours le texte. Mais le transfert, par contre, doit être deviné.»
Cette injonction : le transfert doit être deviné, est loin d’être fortuite puisqu’une vingtaine d’années plus tard, alors qu’il a apporté d’importants remaniements à sa théorie, Freud maintient : « Le transfert, destiné à être le plus grand obstacle à la psychanalyse, devient son plus puissant auxiliaire, si l’on réussit à le deviner chaque fois et à en traduire le sens au patient ».
Ce deviner, récurrent et délibérément choisi par Freud, est suffisamment intrigant pour que l’on s’en saisisse.
Catherine Muller, psychanalyste formée auprès de Jacques Lacan, ne se dérobe pas devant ce mot inattendu, en retrait du champ conceptuel. elle restitue la passion de Freud pour l’énigme et ses déchiffrages tout en réactivant les liens qu’il entretenait avec l’Antiquité. Par sa lecture de cet erraten (deviner) freudien, et des autres termes qu’il convoque dans son sillage, l’auteur nous fait prendre la mesure de la base étroite et vertigineuse sur laquelle s’est édifié la rationalité psychanalytique qui allie la rigueur scientifique à l’univers poétique et mythique.